Dérèglement climatique : chronique d'une apocalypse

Je viens de lire : The Uninhabitable Earth: Life After Warming. Ce livre m'a tellement marqué que j'ai décidé de faire un résumé de mes différentes notes.

Émission de carbone

Il y a 250 millions d'années, la Terre s'est réchauffée de 5 degrés à cause des gaz à effets de serre (C02 et méthane principalement). L'extinction Permien-Trias. Cette extinction est marquée par la disparition de 95 % des espèces marines et de 70 % des espèces vivant sur les continents, ce qui en fait la plus grande extinction massive ayant affecté la biosphère. Nous relâchons aujourd'hui des gaz à effets de serre beaucoup plus rapidement, certains disent 10 fois plus vite.

Il y a aujourd'hui plus d'un tiers de plus de CO2 dans l'atmosphère que pendant les 800 000 dernières années, voire pendant les 15 millions dernières années. La moitié du C02 dans l'atmosphère a été relâché pendant les 30 dernières années à cause des énergies fossiles, signalant l'échec cuisant des politiques écologiques.

Une augmentation de 2 degrés est considéré comme le maximum. C'est d'ailleurs l'objectif des accords de Paris. Au delà, on pense que les dommages à tous les niveaux seront dévastateurs : inondations, canicules, sécheresses, etc. Or, aucun pays industrialisés est en passe de suivre les recommandations : je répète, aucun. Sur les 195 signataires, seuls les pays suivants sont sur la voie : le Maroc, la Gambie, le Bhutan, Le Costa Rica, l'Ethiopie, l'Inde et les Philippines. Les dernières analyses indiquent que, si tous les pays se mettent maintenant à suivre les recommandations des accords de Paris, il est possible qu'on arrive à une augmentation de 3,2 degrés, soit 3 fois plus que depuis le début de l'industrialisation.

Une augmentation de 2 degrés c'est : disparition de la banquise, 400 millions de personnes en plus sans accès à l'eau, les cités autour de l'équateur inhabitables et chaque été des milliers de personnes mourront des canicules. A 3 degrés, l'Europe sera en permanence en sécheresse. A 4 degrés, il y aura des famines toute l'année dans le monde entier. Le risque d'inondation est multiplié par 30 au Bangladesh, 20 en Inde et 60 au Royaume-Uni. A certains endroits, six catastrophes naturelles pourraient arriver en même temps (rappelez en 2017 les ouragans Harvey et Irma touchant à une semaine d'intervalle les Antilles, multipliez cela par 3). On évalue alors les dommages à plus de 600 000 milliards de dollars, soit plus du double de la richesse mondiale aujourd’hui. Actuellement, l'ONU projette une augmentation de 4,5 degrés pour 2100.

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Si nous continuons sur le même rythme, des régions entières seront invivables d'ici la fin du siècle. On parle de la moitié des régions habitées aujourd'hui seraient inhabitable d'ici 2100.

Même si, du jour au lendemain, nous arrêtions toute émissions de gaz à effet de serre, le climat se réchaufferait encore.

Nous devons changer notre façon de nous alimenter. La production alimentaire compte pour un tiers de toutes les émissions. Greenpeace préconise de diviser par deux la consommation mondiale de viande et de produits laitiers d'ici 2050.

Un réchauffement qui s'accélère

Réchauffement qui fait fondre les pôles, pôles qui avec leur glace réfléchissent les rayons du soleil donc sans eux la Terre se réchauffe plus, ce qui veut dire que les océans absorberont moins le carbone, ce qui réchauffe encore plus. Le permafrost (qui contient 1 800 milliards de tonnes de carbone, soit deux fois plus que ce qu'il y a actuellement dans notre atmosphère) se met à dégeler, cela relâche du méthane dans l'atmosphère qui est 34 fois plus puissant que le CO2 pour réchauffer l'atmosphère. Un réchauffement est mauvais pour les plantes ce qui provoque le déclin des forêts et des jungles, ce qui limite considérablement la possibilité d'absorption du CO2. Des plus hautes températures provoquent plus d'incendies qui eux-même relâchent du CO2 et qui éliminent des arbres capables de l'absorber. La chaleur met plus de vapeur d'eau dans l'air qui réchauffe la planète. Des océans plus chauds absorbent moins bien la chaleur et possèdent moins d'oxygène, tuant le planton qui transforme le CO2 en O2.

L'augmentation de température change les plantes qui auront des feuilles plus épaisses qui sont alors moins bonnes pour absorber le CO2.

Chaleur

De toutes les manières, qu'importe les projections, toutes disent la même chose : dans un futur proche, malgré les mesures les plus drastiques, les humains vivront sur une planète plus chaude de toute l'histoire de l'humanité. Depuis 1980, les vagues de chaleur ont été multipliées par 50, et une augmentation encore plus importante va arriver.

La canicule de 2003, qui a tué 14 000 français et plus de 35 000 européens sera un été normale.

Les climatiseurs ne sont pas une solution. Ils sont responsables déjà de 10% de la consommation d'électricité. La demande va tripler voire quadrupler d'ici 2050. 700 millions de climatiseurs en plus d'ici 2030.

Avec un réchauffement de 2,5 degrés, la Terre entrera en déficit de nourriture : il sera alors impossible de produire suffisamment de nourriture pour tout le monde.

Famine

4 degré baisse le rendement du blés de 50%. Ce qui veut dire que d'ici la fin du siècle, il faudra nourrir 50% de personnes en plus avec moins de terre arables et avec un rendement diminué de 50%. Les plantes deviennent plus grandes avec le réchauffement mais aussi moins nutritives. Depuis 1950, la nourriture a perdu un tiers de ses vitamines, protéines, calcium, fer et autres.

De nouvelles maladies et des champignons attaqueront nos céréales, diminuant la production sans compter les catastrophes naturelles comme la grêle, les inondations ou les canicules.

En Sicile, qui nourrit l'Europe depuis l'antiquité, les fermiers sont passés au fruits tropicaux.

Pendant les 40 ans dernières années, la moitié des vertébrés a disparu. Pendant les 20 dernières années, la population des insectes volants a diminué de 75%.

Inondations

Les inondations ont été multipliées par 4 depuis 1980.

Le réchauffement de l'atmosphère permet à l'air de retenir plus d'humidité qu'un air plus frais. Résultat, il y a une multiplication de ce qu'on appelle en France un épisode cévenole. C'est à dire, des pluies très intense qui provoquent des inondations.

Dernier exemple en date : l’Indonésie change de capitale à cause des intempéries et des inondations.

Incendies

Aux USA, la saison des feux de forêt a augmenté de deux mois et demi en 50 ans. Les incendies brulent deux fois plus de terre qu'il y a 40 ans. Il y a un risque que ces destructions doublent encore d'ici 2050. Pour chaque degré ajouté au réchauffement, il y a doublement des surfaces détruites par les incendies. En Californie, il n'y a plus de saison de feu de forêt. Les pompiers travaillent toute l'année. Les incendies de forêt relâchent tout le carbone stocké dans les arbres depuis des décennies. De plus, devenu cendres, ces mêmes arbres ne peuvent plus stockés du CO2 : une perte sur deux niveaux. De janvier à avril 2019, il y a plus d’incendies au Royaume-Uni que dans n’importe quelle année.

En Californie, un seul feu de forêt peut éliminer tous les gains engrangés par les décisions politiques.

La politique de déforestation du nouveau président du Brésil pourrait faire émettre deux à trois fois de gaz à effet de serre que l'économie américaine. Globalement, la déforestation compte pour 12% des émissions carbonés et les incendies 25%.

Il y a une énorme augmentation des feux de forêt au Groenland, en Suède et tout autour des zones Arctiques. Le problème est que ces feux relâchent de la suie qui assombrissent la neige et la glace qui fondent, augmentant le réchauffement climatique.

Eau potable

2% de l'eau est non salé et seulement 1% de ces 2% est accessible (le reste se trouve en majorité dans les glaciers). En gros, 0,007% de l'eau est facilement accessible.

2 milliards de personnes n'ont pas accès de l'eau potable de qualité. 4,5 milliard n'ont pas accès à l'eau pour leur hygiène. La moitié de la population dépend des eaux provenant de la fonte de la glace et de la neige en altitude. Malheureusement, cette source fond et n'est plus remplacée.

D'ici 2100, au moins la moitié des glaciers de l'Himalaya aura disparu rendant l'accès l'eau difficile pour l'Inde, le Pakistan et le Bangladesh.

Les restrictions sur l'usage de l'eau commencent. Dans le sud de la France, il est commun que les habitants n'aient pas le droit d'arroser leur jardin en période de sécheresse. Ce genre de restrictions, et des plus drastiques, seront communes. En 2015, la ville de São Paulo décide après deux ans de sécheresse de limiter l'utilisation de l'eau à 12 heures par jour, forçant des entreprises à fermer. En 2008, Barcelone a été obligé d'importer de l'eau de France. Les cinq ans de sécheresse en Syrie entre 2006 et 2011 a sans doute provoqué la guerre que l'on a connu.

Les océans meurent

En 2050, la production de plastique doit tripler. Il y aura alors plus de plastique que de poissons dans les océans. La majorité des poissons dans la région des Grand Lacs aux USA contiennent des micro-plastiques, comme 73% des poissons dans l'atlantique nord. On retrouve des micro-plastiques dans la bière, le miel et dans 16 des 17 marques de sel de mer testés dans huit pays. Mais encore plus préoccupant, on en trouve dans l'eau potable dans 94% des villes américaines ainsi que dans l'air.

Les poissons ont migré plusieurs centaines de kilomètres au nord dans les océans pour trouver de l'eau moins chaude.

L'acidification des océans, provoquée par son réchauffement, est une menace pour 90% des récifs. Or les récifs permettent à près d'un quart de la faune marine de vivre. Certaines parties des océans n'ont pas assez d'oxygène pour que la faune marine puisse vivre. Ces zones "mortes" ont quadruplé depuis 50 ans. Elles représentent plusieurs millions de kilomètres carrés.

Air irrespirable

On trouve des micro-plastiques dans l'air. La pollution de l'air tue plus d'un million de chinois par an. De manière générale, une mort sur 6 est causé par la pollution de l'air. Dans les pays développés, 98% des villes sont enveloppées par de l'air pollué au delà des limites de sécurité. C'est aussi le cas de 95% de la population mondiale.

La pollution de l'air provoque des troubles de la mémoire et de l'attention. Elle augmente aussi le risque de naissances prématurées, de naissances de bébés en sous-poids, de maladies mentales chez les enfants et l'apparition de démences chez l'adulte. Par exemple, la mise en place de péage automatique aux USA a fait baissé de 10% et 12% les naissances prématurées et les naissances de bébés en sous-poids simplement en limitant les émissions de voitures s'arrêtant et accélérant aux abords des péages.

En moyenne, il y a 400 particules de CO2 par millions. Or, à partir de 930 le niveau cognitif baisse de 21%. Des études dans des classes de primaires montrent qu'en moyenne il y a 1000 particules par millions et dont un nombre alarmant au-delà de 3000. Réduire la pollution atmosphérique en Chine pour les mettre au niveau des standards EPA pourraient augmenter la qualité aux tests de langue de 13% et de mathématiques de 8%.

Maladies

Le réchauffement climatique amène les maladies tropicales dans les zones tempérées, comme l’Europe. Le Chikungunya est en Italie et la dengue sur la Côte d'Azur. La malaria aime les zones chaudes : elle pourrait arriver en Europe et aux USA dans les prochaines années.

De son côté, le moustique tigre continue de coloniser la France pouvant véhiculer des maladies graves, comme le chikungunya, la dengue et le virus Zika

De même, la mouche des sables ou phlébotome, principal vecteur de la maladie parasitaire leishmaniose, pourrait trouver des conditions climatiques favorables à son installation en France, en Allemagne et dans le sud du Royaume-Uni d'ici 2060.

L'arctique stocke dans ces glaces de nombreux maladies. On a retrouvé en Alaska des traces de la grippe espagnole (qui a infecté 500 millions de personnes en 1918, en tuant 50 millions soit 3% de la population mondiales, tuant 6 fois plus de personnes que la première guerre mondiale).

En 2016, le permafrost en se dégelant a laissé échappé de l'anthrax tuant un jeune garçon et infectant 20 personnes.

En 2015, les deux tiers des saiga sont mortes. Des centaines de milliers de carcasses gisent alors en Afrique sans survivant. La population a été tuée par une simple bactérie qui vit dans les narines des saiga. Jusqu'à présent, elle ne posait aucun problème de santé. Seulement, à cause de la chaleur et l'humidité, la bactérie a proliféré, passant dans le sang puis le foie et les reins, causant leur mort. Voici un exemple de conséquence inimaginable sur la santé que peut avoir le réchauffement climatique.

Guerres

Le réchauffement climatiques provoque des conflits et des effondrements politiques et sociaux, et cela depuis des années. Seulement, on décide d'appeler cela des guerres civiles comme c'est le cas au Darfour, en Syrie et au Yemen. Avec une agriculture qui a moins de terres et qui produit moins, avec des problèmes de sécheresses et de vagues de chaleur, les différents politiques seront exacerbés et de nouveaux conflits naitront.

Migrations

En 2011, la guerre de Syrie envoie un million de réfugiés sur l'Europe. Cette guerre a certainement été provoquée par une sécheresse. Quand on voit la vague de populisme et de changements politiques provoqués par un millions de réfugiés en Europe, on ne peut qu'avoir peur pour la suite. L'ONU table sur 200 millions de réfugiés climatiques pour 2050 avec une évaluation des plus pessimistes aux alentours d'un milliard.

Les catastrophes naturelles tels que des cyclones, des inondations, des incendies vont pousser des populations à migrer. De même, des sécheresses, une production de nourriture insuffisante ainsi que l'augmentation du niveau des océans poussera des millions de personnes à migrer vers des zones déjà en tension.

Par exemple, un cyclone a provoqué l’évacuation de plus d’un million de personnes en Inde.

Augmentation du niveau des océans

Une fonte des glaces des pôles pourrait augmenter le niveau des océans de 60 mètres. La dernière fois que la Terre était 4 degré plus chaude, il n'y avait plus de glaces aux pôles et il y avait des palmiers en Antarctique.

Une augmentation entre 1,2m et 2,4m d'ici la fin du siècle. Même en respectant les accords de Paris, il y aura une augmentation aux alentours de 2m. Imaginez toutes les plages sur lesquelles vous êtes allées : elles seront sous l'eau. Tout comme la plupart des ports, la Silicon Valley, les Maldives, une grande partie de la Floride et du Bangladesh.

Pratiquement toutes les infrastructures de productions, les ports et les villes seront noyées. Shenzhen, ville chinoise qui produit 90% de l'électronique mondiale, pourrait se retrouver sous les eaux. La plupart des infrastructures d'Internet, comme les datacenters, seront inondées dans moins de 20 ans.

Les deux tiers des plus grandes villes sont proches des côtes et sous la menace d’être englouties.

Coût

100 000 milliards de dollars par an en 2100, soit plus que toute la richesse produite aujourd'hui. Une estimation optimiste parle de 14 000 milliards par an, soit un cinquième de la richesse mondiale produite en un an.

Solutions ?

Je ne voulais pas finir sur une note trop pessimiste. Une étude liste 100 solutions au réchauffement climatique. Je vous mets ici le top 10 :

  • Modifier la gestion de la réfrigération et de la climatisation

  • Mettre des éoliennes partout

  • Réduire le gaspillage alimentaire

  • Passer à un régime plus riche en plantes

  • Sauver et replanter les forêts tropicales

  • Éduquer les femmes et les jeunes filles

  • Créer un planning familiale dans le monde entier

  • Faire des centrales solaires

  • Mettre en place le sylvopastoralisme

  • Mettre des panneaux solaires sur tous les toits

Enfin, planter 1000 milliards d’arbres pourrait nous sauver, à condition qu’ils ne partent pas en fumée…