Christian Horner pourrait racheter Alpine avec des fonds saoudiens

Christian Horner était à la tête de Red Bull depuis 20 ans et il vient d’être remercié sans ménagement. Quel avenir pour l’un des plus grand Team Principal (TP) de l’histoire ?

Christian Horner en Arabie Saoudite lors du Grand Prix de Jeddah.

Une lutte de pouvoir sans merci

Comme dans n’importe quelle écurie, ou entreprise, Red Bull est en proie à des tensions internes nourries par les ambitions concurrentes de chacun. Cela fait des années que Jos Verstappen, papa pilote aigri et psychopathe du fabuleux Max, ne cesse de critiquer Horner dans le but clair de le voir partir.

Le docteur Helmut Marko, appelé docteur parce qu’il a une thèse en droit, a toujours été, lui aussi, critique vis-à-vis d’Horner. Cependant, Christian Horner semblait totalement intouchable, tant son aura et influence était grande au sein de l’équipe. Malheureusement, la mort de Dietrich Mateschitz fin 2022, patron de la marque Red Bull et protecteur en chef d’Horner, va tout changer.

Newey, Horner et Marko : la Dream Team qui a volé en éclats.

Cette disparition va déséquilibrer les forces en présence, chacun essayant de tirer profit de la situation. Au final, Horner est la victime de cette réorganisation mais il est aussi, en partie, responsable de son départ.

Une période difficile

Les résultats de Red Bull ne sont pas à la hauteur des attentes depuis maintenant un an. Mais ce n’est pas la première fois que l’écurie est dans une mauvaise passe. On se rappelle par exemple les saisons de 2014 à 2018 qui n’étaient pas fameuses. Un autre élément primordial a été le psychodrame qui a terni la réputation de Christian Horner. Je ne vais pas m’attarder sur ses comportements jugés inappropriés, mais cela a été le déclencheur de beaucoup de choses.

Adrian Newey a, par exemple, peu apprécié cet épisode et cela l’a sans doute persuadé de choisir un dernier défi chez Aston Martin. De plus, il est reproché à Horner d’avoir laissé partir un nombre important de cadres de l’écurie. Jonathan Wheatley est parti chez Audi pour être directeur sportif. Dan Fallows s’occupe maintenant de l’aéro chez Aston Martin et enfin Rob Marshall, numéro 2 de Newey, a sans doute une grande responsabilité dans le succès récent des McLaren. Enfin, les incessantes rumeurs parlant de Max Verstappen quittant Red Bull pour l’ennemie Mercedes n’ont pas aidé.

Red Bull a été construite par Horner

Rappelons que Red Bull est arrivé en F1 en achetant, pour une livre symbolique, l’écurie Jaguar détenue par Ford. À l’époque, cela avait fait beaucoup de bruit. Que venait faire un fabricant de boissons sucrées dans la F1 ? L’écurie Red Bull était alors moquée ouvertement par tout le paddock. On les appelait les vendeurs de canettes.

Et j’avoue que j’en faisais partie : j’avais du mal à comprendre ce qu’ils venaient faire là.

Christian Horner aussi était moqué. Il était le plus jeune Team Principal de l’histoire à 31 ans (record qui tient toujours à ce jour) et n’avait pas d’expérience en F1. Mais il a démontré par la suite à quel point il était fait pour ce métier. Une des premières décisions a été d’embaucher Adrian Newey. Même s’il est considéré comme un génie, sans doute le meilleur designer de F1 de l’histoire (même si j’ai une petite préférence pour Gordon Murray et que je suis en admiration devant le travail de John Barnard), ce n’était pas le cas à l’époque.

Bien qu’ayant dessiné des voitures championnes du monde pour Williams et McLaren, ses récents déboires, avec la MP4/18 qui ne courra jamais, avaient fini de ternir sa réputation. Le paddock souriait avec contentement de voir le nouveau venu Red Bull payer une fortune pour un designer qu’il croyait bouilli.

La très fragile McLaren MP4/18, échec d'Adrian Newey.

Mais le paddock s’était trompé. Non seulement l’écurie Red Bull a commencé à avoir des résultats rapidement, avec un titre de champion du monde dès 2010, soit cinq ans après leur arrivée, mais le groupe a démontré sa légitimité en F1. D’abord en imposant une forte présence avec l’achat d’une écurie secondaire, Minardi, renommé Torro Rosso. Mais aussi en restant en F1 tout en ayant des résultats.

Car les vendeurs de canette sont restés en F1, eux. Alors que les constructeurs historiques avaient beaucoup plus de légitimité, ils n’ont pas respecté la F1, partant dès que les résultats ne suivaient pas ou à la première crise économique. Red Bull est restée, quand Toyota est venue puis reparti. Quand BMW est venue puis repartie. Quand Honda est venue, puis repartie, puis revenue, puis repartie pour encore revenir. Quand Renault est revenue, puis partie, puis revenue, puis transformée en Alpine et qui partira certainement bientôt.

Toyota et BMW ont rapidement abandonné la F1, pas Red Bull.

Bref, Red Bull a vu passer des concurrents et les a toutes battues, même les plus illustres. Et cela, en grande partie grâce à Christian Horner qui a bâti l’écurie Red Bull en intégralité, en l’organisant pour la performance et en choisissant tous les hommes.

D’ailleurs, j’en profite pour souligner que son départ s’est fait dans des conditions qui manquent cruellement d’élégance. Mis dehors sans ménagement, entre deux grand prix : Horner méritait mieux.

Un bilan mythique

Car oui, Christian Horner a un palmarès extraordinaire. Et je dis cela alors que je n’aime pas du tout le personnage et que je ne suis pas fan de l’écurie. Mais les chiffres parlent pour eux : 8 titres de champion du monde des pilotes, 6 titres de champion du monde par équipe, et cela, en 20 ans. Seul Ron Dennis fait mieux, mais en 30 ans.

Les trophées de Red Bull : tous gagnés sous la direction de Christian Horner.

Si Christian Horner n’est pas le meilleur Team Principal de l’histoire de la F1, il figure incontestablement parmi les plus grands, aux côtés de légendes comme Ron Dennis et Jean Todt. Avec un moteur plus compétitif entre 2014 et 2018, son palmarès aurait sans doute été encore plus impressionnant.

Quelle suite pour sa carrière ?

Étant en F1 depuis 20 ans, on n’oublie que Christian Horner est encore jeune, il n’a que 51 ans. Non seulement il a été le plus jeune Team Principal de l’histoire de la F1, mais il est encore aujourd’hui l’un des plus jeunes. Toto Wolff (Mercedes), Andrea Stella (McLaren), Frédéric Vasseur (Ferrari) et Andy Cowell (Aston Martin) sont plus vieux que lui.

Il serait surprenant que sa carrière s’arrête maintenant, d’autant plus quand on connait son caractère et son ambition sans limite. Et puis, son profil, ses compétences et surtout son expérience doivent faire saliver plus d’une équipe. Alors, que va-t-il faire à l’avenir ?

Il faut se rendre compte qu’Horner a perdu la bataille chez Red Bull sans doute parce qu’il n’avait aucune part de l’écurie. Il n’en était pas propriétaire, même en partie : il n’était qu’un simple employé. Nul doute qu’il voit la position, et la fortune, de Toto Wolff, qui a des parts importantes dans Mercedes, avec envie. Ainsi, Horner n’est pas bête et il a tiré les leçons de son échec. S’il revient en F1 en tant que TP, il ne le fera que s’il possède des parts pour ancrer sa position.

Nous avons appris que Ferrari l’avait approché avant l’arrivée de Vasseur. Est-ce une possibilité maintenant ? Je ne le crois pas. Vasseur vient de signer un nouveau contrat (même si cela ne veut pas dire grand-chose dans ce milieu). Mais surtout, je ne vois pas Ferrari lui donner des parts de l’entreprise. Qui dit pas de part, dit au final peu de pouvoir et Horner exige les pleins pouvoirs. De plus, Horner est fondamentalement anglais, donc je ne le vois pas à la tête d’une écurie latine. Et cela lui demanderait aussi de partir de l’Angleterre. Pas sûr que cela l’enchante.

Rachat d’écurie

Une solution que je vois pour lui est la suivante. Nous savons qu’Alpine est en eaux troubles avec l’arrêt de la production de son moteur et le départ du CEO de Renault. Nul doute que si quelqu’un arrivait avec une offre d’achat intéressante, de l’ordre de plusieurs milliards de dollars, Renault accepterait de vendre.

Voici le scénario que j’ai en tête. Nous savons que l’Arabie Saoudite a exprimé sa volonté d’avoir sa propre écurie en F1. Son investissement récent, avec le sponsoring d’Aramco (compagnie pétrolière publique saoudienne), va dans ce sens. Il semble que les saoudiens veulent suivre la stratégie du Qatar en investissant dans le sport afin d’accroitre leur influence. N’oublions pas que Cristiano Ronaldo joue en ce moment dans le championnat saoudien, parmi d’autres stars. Je serais Christian Horner, je ferais un petit tour à Riyad pour monter un projet sérieux.

Christian Horner est ami avec Flavio Briatore, patron de l’écurie Alpine. Ainsi, ils pourraient se mettre d’accord pour sortir l’écurie de la crise permanente dans laquelle elle se trouve.

Pour Renault, vendre son écurie de F1 pour plusieurs milliards à un groupe sérieux et mené par Christian Horner ressemble à une belle porte de sortie. C’est toujours mieux que de vendre à la famille Mazepin…