Oscar Piastri : un champion discret

F2 : antichambre de la F1

Oscar Piastri est un des rares pilotes de F1 que je suis depuis les petites catégories, et cela complètement par hasard. En effet, j’ai commencé à suivre la F2 grâce à l’arrivée du fils de Michael Schumacher, Mick. J’avais hâte de voir ce qu’il allait faire et s’il avait ce qu’il fallait pour entrer en F1.

Mick Schumacher en F2 chez Prema.

Et à l’époque, il a eu un début de saison poussif, se faisant souvent bousculer par Robert Shwartzman. Mais au fur et à mesure des Grand Prix, Mick a su prendre le dessus pour au final gagner le titre de champion de F2. Ensuite, j’ai continué à suivre la F2 et je me disais que Shwartzman serait certainement champion en 2021, étant donné ce qu’il avait démontré en 2020.

C’était sans compter Oscar Piastri, tout juste champion de F3, qui arrive comme coéquipier de Shwartzman et qui le dominera, lui et tous les autres, surtout sur la deuxième partie de saison.

Dur d’être rookie

Non seulement Oscar Piastri avait dominé la saison, mais il l’avait fait lors de sa toute première année en F2. Et ce de manière beaucoup plus impressionnante que le fils de Michael Schumacher.

Oscar Piastri en F2 chez Prema.

J’avais été impressionné par sa maturité, son calme et son assurance. Il avait pris beaucoup moins de temps que Mick pour s’acclimater à la nouvelle série, pour finir en alignant quatre victoires d’affilée.

Il faut dire qu’il est très rare pour un débutant, ou rookie, de gagner à sa première participation. La plupart des champions de F2 font une première saison pour s’acclimater, pour ensuite gagner la saison suivante. Pas Piastri. Et c’est souvent, pas tout le temps, le signe d’un excellent pilote capable d’aller en F1. C’était le cas pour Mick Schumacher qui n’a malheureusement pas réussi en F1 par la suite, même si je pense qu’on ne lui a pas vraiment laissé sa chance, Haas étant une équipe, et une voiture, compliquée…

Par exemple, Charles Leclerc, ainsi que George Russell, étaient aussi champion de F2 en tant que rookie. Il faut dire aussi qu’il faut avoir la bonne équipe. Le fait qu’ils soient champions en F2 dès la première année, donc avec la bonne équipe, démontre aussi d’une certaine manière qu’ils ont impressionné dans les séries précédentes.

Il avait fait la même chose en F3

C’est le cas d’Oscar Piastri. Quand il arrive en F2, il est non seulement champion de F3, mais il l’a été en étant rookie. Seul Gabriel Bortoleto, actuel pilote Sauber, a lui aussi été champion F3 et F2 en étant rookie.

Mais revenons à Piastri. Il a commencé sa carrière en pilotant des voitures télécommandées, comme Lewis Hamilton ! Et comme Hamilton, il est suivi de près très tôt. Il entre dans Renault Sport Academy (devenue Alpine Academy) avant même qu’il soit champion de F3.

Fernando Alonso, qui sourit en pensant au bordel qu’il a mis chez Alpine.

Puis il se passa le psychodrame, orchestré en partie par l’inénarrable Fernando Alonso, qui le libérera d’Alpine pour finalement rejoindre McLaren. Il faut se rendre compte qu’en 2022, Alpine avait sous contrat Fernando Alonso, qu’on ne présente plus tant son palmarès, son expérience et sa grinta parlent pour lui, ainsi qu’Oscar Piastri, reconnu dans le paddock déjà à l’époque comme sans doute le plus grand espoir actuel pour la F1. Et en quelques jours, Alpine a tout perdu. Cette équipe est fascinante, il faut l’admettre…

Déjà dans la légende

Bien que déjà en tête du championnat, je n’ai croisé aucun fan d’Oscar Piastri au Grand Prix d’Espagne cette année. Et pourtant, j’étais présent pendant les trois jours. Il y avait beaucoup de fan de McLaren, mais tous étaient pour Norris. J’étais le seul avec ma casquette 81, les autres portaient fièrement le numéro 4.

Moi, seul fan avec une casquette 81 au GP d’Espagne 2025.

Sans doute qu’il est plus difficile pour un fan australien de venir en Europe mais on n’est pas obligé de venir d’Australie pour apprécier le talent du bonhomme.

Cependant, Piastri est bien vu dans le paddock. Par exemple, j’avais été très surpris quand dans la série Drive To Survive, à la question quel pilote vous prendriez dans votre équipe entre Norris et Piastri, les Team Principal interrogés avaient répondu Piastri. Alors oui, je sais que Drive To Survive n’est pas à prendre au sérieux, et que, sans doute, d’autres avaient répondu Norris et qu’ils n’ont pas été diffusés, mais c’était surprenant. D’autant plus que Norris a toujours été bien vu en F1, dès ses débuts. Cela démontre juste que le paddock respecte le jeune australien.

Après une premier saison 2023 prometteuse, Piastri était tout de même fortement en retrait par rapport à Norris. Tant au niveau des qualifications qu’en rythme de course. Il était moins bon partout et il avait des difficultés sur la gestion des pneus.

En 2024, il démontre qu’il a tout pour être champion du monde. Non seulement il s’est amélioré partout, notamment sur la vitesse pure en qualification et sur sa gestion de pneu, mais il est aussi d’une régularité légendaire.

En effet, il fait parti des quatre pilotes dans l’histoire de la F1 à avoir effectué tous les tours d’une saison. Il rejoint Michael Schumacher qui a réussi cela en 2002, Lewis Hamilton en 2019 et Max Verstappen en 2023.

Cependant, Oscar Piastri était toujours en retrait par rapport à Norris en course, notamment sur sa compréhension des pneumatiques et de leur fenêtre d’exploitation.

Une saison 2025 pour l’instant exemplaire

J’étais curieux de voir ce qu’il allait faire cette saison. J’ai toujours eu peur qu’il atteigne un plafond de verre. Eh bien, ce n’est absolument pas le cas. Cette année, il est au minimum au même niveau que Norris partout, en qualification et en course, voire peut-être légèrement au-dessus.

Piastri en tête, devant Norris. Photo que j’ai prise au GP d’Espagne 2025.

Mais surtout là où il fait la différence, c’est sur la régularité. À part en Australie où il fait une erreur et se sort (et encore, dans des conditions extrêmes où des pilotes très expérimentés ont fait de plus grosses erreurs), Piastri a été presque parfait jusqu’à présent. Là où Norris multiplie les petites erreurs jusqu’à perdre un peu confiance.

Cependant, la saison est encore longue et rien n’est gagné pour Piastri. Mais le fait qu’il domine son coéquipier est déjà assez exceptionnel. Rappelons que sa première victoire est arrivée l’année dernière, après juste une saison et demi et 35 GP.

Les médias ont beaucoup parlé de Kimi Andrea Antonelli mais je suis prêt à parier que l’australien aura une plus belle carrière en F1.