Critique d'Overcast pour iOS

Podcast mon amour

J’écoute beaucoup de podcasts et depuis longtemps. J’ai commencé avec mon iPod où je synchronisais mes podcasts dans une liste de lecture, histoire de rendre les transports en commun plus tolérables. J’ai fait cela pendant plusieurs années : mettre à jour les podcasts et les télécharger sur iTunes, mettre manuellement les podcasts dans une liste de lecture puis synchroniser mon iPod avec iTunes. J’avais pris tellement l’habitude que quand j’ai eu mon iPhone, j’ai continué ainsi. Et puis depuis quelques années, j’ai découvert les applications de podcast sur l’App Store et j’ai vu la lumière (il est vrai avec beaucoup de retard). Plus besoin de connecter mon iPhone à l’ordinateur pour synchroniser les podcasts, plus de colère quand j’ai oublié la veille de synchroniser ou de copier les épisodes dans la liste de lecture, génération automatique de liste de lecture, bref du bonheur et beaucoup de temps gagner. Cependant l’application d’Apple est une merde absolu. J’ai essayé donc pas mal d’applications pour enfin me fixer sur Downcast dont je suis très content.

Marco Arment entre en scène

C’est donc avec assez de curiosité que j’ai appris que Marco Arment développait une application de podcast pour iPhone, et cela depuis un bon moment : Overcast. J’aime beaucoup Marco Arment. Il a commencé en tant que développeur web chez Tumblr, mais il est surtout connu pour avoir crée Instapaper (même si je préfère son concurrent gratuit Pocket). Pour ma part, je l’apprécie pour son [blog] mais surtout pour son podcast Accidental Tech Podcast qui vaut qu’on l’écoute ne serait-ce que pour John Siracusa. J’étais au départ sceptique. En effet, j’ai toujours eu un doute sur Arment. Même si j’aime bien l’écouter, j’ai toujours pensé qu’il était arrivé au bon moment au bon endroit. Il est entré chez Tumblr au tout départ, et il crée Instapaper au moment de la sortie du SDK pour l’iPhone. J’étais donc curieux de voir ce qu’il allait faire avec une application dont le marché est totalement saturé. D’autant plus qu’avec le vente de Tumblr pour plus d’un milliard de dollars, la vente de Instapaper et de The Magazine, j’avais un doute sur sa motivation pour créer une autre application. Je dois dire que je suis agréablement surpris.

Interface

L’application a une interface très claire et agréable à utiliser. Elle est dans la droite ligne de iOS 7 : utilisation à outrance de la typographie, tout est très aplati mais très clair. Bref, aucun soucis à ce niveau-là. Arment a eu le soucis de tout simplifier. Ainsi, il n’y a pas beaucoup d’options disponibles (au contraire de Downcast) et peu de pages de navigation. Ce qui permet à l’utilisateur de ne jamais se sentir perdu. Dans la page des préférences, Arment a eu l’idée de mettre la liste d’autres applications indé de podcast au cas où vous n’aimez pas Overcast. Je trouve cela couillu mais très sympathique : Arment étant assez connu il permettra peut-être aux autres développeurs de se faire un peu plus connaître (bonus : la liste est générée aléatoirement à chaque chargement de l’application, évitant ainsi d’afficher toujours le même ordre indiquant une quelconque préférence).

Créer un compte pour écouter des podcasts ?

L’’élément le plus surprenant de l’application est la création de compte. En effet, lors du premier lancement de l’application vous êtes invité à créer un compte Overcast (qui se limite à un mail et à un mot de passe). Pourquoi créer un compte ? La principale raison est pour une question de performance : cela limitera la consommation de batterie lors de la récupération des mises à jour des podcasts. En effet, au lieu de contacter autant de serveurs que vous avez de podcasts, Overcast ne contactera qu’un seul serveur. Ainsi, la mise à jour est très rapide (beaucoup plus rapide que Downcast qui mettait une grosse dizaine de secondes pour seulement 7 podcasts alors que Overcast met moins de 3 secondes) et évite que votre batterie soit trop affectée. Dernier avantage de ce compte : une webapp qui permet d’écouter ses podcasts sur le net. Pour l’instant cette application web est très primitive mais elle a le mérite d’exister.

Smart Speed

Overcast a deux fonctionnalités qui le distingue de la masse : Smart Speed et Voice Boost. De loin, Smart Speed est la fonctionnalité qui est la plus importante à mes yeux. Le podcast est un media temporel : on ne peut pas le compresser. Ce que je veux dire par là est qu’il y a une grande différence entre lire un article et écouter un podcast : la contrainte du temps. On peut lire un article rapidement, sauter quelques paragraphes pour arriver à la partie qui nous intéresse, ceci est beaucoup plus difficile avec un podcast : on doit l’écouter intégralement. Du coup, il est difficile d’écouter autant de podcast que l’on veut, car nous n’avons pas forcement le temps nécessaire pour tous les écouter. De ce fait, les gros consommateurs de podcast les écoutent avec une vitesse d’écoute augmenté en 1,5x voir 2x la vitesse de base. Ce qui rend l’écoute assez inconfortable avec pas mal d’artefacts et une modification du son que je ne supporte pas. Overcast propose Smart Speed. Cela permet d’écouter un podcast plus rapidement mais sans problème de son. Overcast analyse l’épisode et enlève les blancs trop longs. De ce fait, on se retrouve à écouter un épisode avec une vitesse de 1,1x voire 1,3x. Ce qui peut paraître ridicule, mais au bout du compte cela fait pas mal de différence (au bout d’une semaine cela me fait gagner plus d’une heure). Et je rappelle que cela ne pose pas de problème d’écoute. D’ailleurs, je n’arrive pas à faire la différence au niveau de la qualité sonore quand je mets et j’enlève Smart Speed. Pour moi, cet fonctionnalité à elle seule veut le coup qu’on achète Overcast. Nul doute que la concurrence reprendra cette technologie, même si cela ne paraît pas simple (au lieu d’utiliser les classes audio fournies pas le SDK, Marco Arment a codé son propre décodeur audio).

Voice Boost

Voice Boost est une feature disponible dans beaucoup d’applications. Elle consiste à booster le niveau sonore des voix. Cela permet de mieux entendre les intervenants parler en atténuant le bruit de fond. Cela est très utile pour les podcasts amateurs qui peuvent être très intéressants mais pas bien produits. Cette fonctionnalité n’est pas révolutionnaire mais est très bien exécutée (grâce au décodeur audio "fait maison"). Au contraire d’autres applications, l’effet ne pose pas de problème d’écoute.

Smart Playlists avec priorité

Quand je synchronisais mes podcasts manuellement, je le faisais car j’avais des préférences parmi les différents podcasts. Ainsi, je mettais en premier les podcasts que je préférais. Overcast le fait automatiquement avec Smart Playlist qui permet d’attribuer un niveau de préférence pour chaque podcast. Cela me permet de générer des listes de lecture qui prennent en compte mes préférences. Mine de rien, encore une fonctionnalité qui au bout d’une semaine me paraît indispensable.

Prix : 4,49€

Arment a beaucoup argumenté le fait qu’aujourd’hui, il est difficile de gagner sa vie en faisant payer son application. Il a beaucoup expérimenté avec Instapaper plusieurs systèmes de rétributions, notamment un système d’abonnement. Pour Overcast, il utilise la stratégie du freemium. L’application est utilisable gratuitement mais pour la débloquer complètement, il faut payer 4,49€. A noter que l’application est totalement gratuite et débloquée de base pour les possesseurs d’iPhone 4. Arment indique qu’iOS 7 ne sera plus supporté dans les prochaines versions, et donc l’iPhone 4 non plus (iOS 8 ne sera pas disponible pour l’iPhone 4). Le freemium se comprend : avec la forte concurrence, Arment n’avait pas trop le choix pour essayer de convaincre les utilisateurs de laisser tomber leur lecteur de podcast pour Overcast. De ce fait, son système ressemble au système de la démo : essayer et si ça vous plait, vous pouvez débloquer l’application en la payant.

Ce qui manque

On ne peut pas modifier le volume dans la page "playing now" (on peut cependant le faire avec les boutons physiques +/-) Pas de streaming (apparemment, Arment a indiqué qu’il était en train de travailler là-dessus). Pas d’application Mac (l’application web existe mais ce n’est pas la même chose…) Pas d’application iPad Pas de gestion de la vidéo

Conclusion

J’ai laissé tomber Downcast pour Overcast. Downcast est plus complet et permet de bien adapté l’application à ses besoins grâce à ses multiples options. Cependant Overcast est plus performant sur mon vieux téléphone (notamment pour la récupération des mises à jour des épisodes) et Smart Speed, Voice Boost et les Smart Playlist sont des fonctionnalités dont je ne peux plus me passer.

Overcast : 4,49€ disponible sur l’App Store.

Apple achèterait Beats

Pour 3,2 milliards de dollars. Vraiment, pour un milliard aujourd’hui ,tu n’as plus rien.C’est le plus gros achat dans l’histoire d’Apple. Contrairement aux autres, Apple n’a pas l’habitude de beaucoup dépenser. Le record précédent a presque 20 ans : NeXT était acheté pour 400 millions de dollars en 1996.

Qu’est-ce que Beats ?

C’est une marque avec une forte croissance qui vend de l’électronique avec beaucoup de marge, comme Apple (des écouteurs Beats de 200$ couteraient 14$ à produire). Beats possède 59% du marché des écouteurs de plus de 99$. Le logo b de Beats a aujourd’hui remplacé comme icône de la musique les écouteurs blancs d’Apple.

Beats et le partenariat avec les musiciens

Beats est connu pour ses nombreux partenariats avec différentes stars. Notamment, Beats est très présent dans le milieu du hip-hop et du sport, alors qu’historiquement, Apple est plus pop-rock (U2, Coldplay) que hip-hop. Par exemple, Lebron James, Pharell, Lady Gaga, Nicki Minaj….

Qu’apporterait Beats à Apple ?

Cela ajouterait à Apple une partie accessoire très lucrative. Pendant des années, Apple a essayé de gagner de l’argent sur ce marché (on se rappelle des chaussettes pour iPod, ou plus récemment les bumpers d’iPhone et les Smart Cover pour les iPad). D’ailleurs, les produits Beats sont disponibles dans les Apple Store depuis des années. Apple récupérerait une marque associée à la musique très présente auprès des jeunes (comme la marque iPod l’était auparavant). Cela va ouvrir Apple vers un public plus cosmopolite. Historiquement, Apple est tourné vers la communauté blanche classe moyenne/supérieur. Pour caricaturer, le public californien ou plus précisément de la Silicon Valley. Or Beats est très populaire chez les populations noires. De plus, il est intéressant de remarquer que le public noir américain possède majoritairement un téléphone Android. Beats serait alors un moyen pour Apple d’ouvrir son marché. Et puis Apple a besoin de redevenir cool…

Garder la marque ?

Apple a l’habitude de racheter des sociétés pour un projet spécifique (exemple : SoundJam est devenu iTunes et C3 Technologies est devenu Apple Maps). A chaque rachat, la société est totalement intégré à Apple et n’existe plus. Or, comment intégrer Beats à Apple ? Il serait idiot de perdre cette marque qui a tant de résonance auprès du grand public. Peut-être que Beats remplacera la marque iPod ? Beats pourrait devenir la marque concernant tout ce qui est musique (remplaçant iTunes, iTunes Radio, iTunes Music Store, iPod, etc.) chez Apple.

Acqui-hire ?

Apple est devenu tellement prépondérant dans l’histoire de la musique que les relations avec les majors sont devenues très tendues. Peut-être que le rachat de Beats porterait en partie sur l’acqui-hire (recrutement par du rachat de société) de Jimmy Iovine. En effet, le mettre à la tête de la partie musique d’Apple permettrait d’adoucir les relations car Iovine est très respecté dans le milieu. Dans tous les cas, cela va faire bizarre de voir Dr. Dre, proche de Snoop Dog et de 50 cent, au board d’Apple aux côté de Phil Schiller et Craig Federighi…

Et si tout cela n’était que pour le streaming ?

Même si le contrat avec les majors n’est pas cessible en cas de rachat. Et Apple a déjà racheté Lala. La vente de musique est en baisse au profit du streaming. Les utilisateurs se tournent de plus en plus vers des services comme Pandora et Spotify. 13% de baisse de téléchargement de musique sur un an.

Pour le wearable ?

Il ne faut pas oublier que Beats ne vend pas des casques audio, mais plus des articles de mode. Beats vend des produits que vous portez, que vous montrez au monde. Même les célébrités sont photographiées portant les produits Beats. Les Beats ne sont pas achetés pour leur qualité intrinsèque (les audiophiles vous diront que ce sont des produits de mauvaise qualité) mais pour leur aura marketing. Alors pourquoi ne pas envisager simplement pour aider Apple à entrer dans le milieu du wearable ? Avec l’arrivée imminente de l’iWatch, toute aide serait la bienvenue. Afin que l’iWatch soit un succès, il faut qu’elle devienne un accessoire de mode porté par des personnes influentes. En cela, Beats sera d’une grande aide. Imaginez l’annonce de l’iWatch avec Dr. Dre, Lebron James et Lady Gaga avec chacune une iWatch au poignet…

Comment maitriser la consommation de sa batterie sous iOS ?

Enfin des conseils pour conserver la batterie sous iOS qui ne sont pas fumeux ! Il y a beaucoup de mythes entourant cette problématique, et il était temps de revenir aux bases scientifiques et techniques.

Ce que je retiens :
- Aller dans Réglage > Général > Utilisation et regardez vos temps d’utilisation. Ainsi, vous pourrez voir si un processus utilise la batterie même quand votre téléphone est en veille.
- Désinstaller votre application Facebook. Sérieusement, Facebook ne sert à rien et en plus détruit votre batterie.
- Attention à l’actualisation en arrière plan. Choisissez avec soin les applications qui peuvent bénéficier de ce droit.
- Mettre votre téléphone en mode avion dans des zones avec une mauvaise couverture cellulaire. Je le fais à chaque fois que je prends le train, sinon le téléphone cherche en permanence du signal et vide ainsi votre batterie.

Un article à lire en intégralité car tout y est intéressant.

Coeur Saignant

HeartBleed

C’est sans doute la plus grande faille de sécurité découverte récemment. Pour être caricatural, cette faille met en danger toute connexion sécurisée avec un serveur utilisant OpenSSL (qui est une implémentation de SSL extrêmement populaire). En gros, n’importe quel hacker peut récupérer des informations de personnes se connectant sur un serveur, même si ces informations sont cryptées. Comme d’habitude, XKCD fait un excellent travail pédagogique :

XKCD 1354

Un air de déjà-vu

Cela rappelle à la faille de sécurité concernant l’implémentation de SSL dans les produits Apple. De près, on peut croire à une erreur ou un oubli. Mais à la réflexion, cela ressemble à une erreur implémentée très difficile à retrouver, car ressemblant à une erreur d’implémentation classique (pour Heartbleed : oubli du test de longueur de chaine de caractère, pour le goto fail : double copier/coller ou une erreur de fusion de gestion de version).

NSA mon amour

C’est là que l’on devient paranoïaque. Les documents fournis par Snowden indiquent que la NSA a introduit des backdoors dans les systèmes de cryptage. La NSA travaille depuis des années pour rendre les systèmes de cryptage sur Internet les moins sécurisé possibles, et cela afin de pouvoir espionner tout le monde. Il est donc assez logique de penser que les erreurs trouvées dans le goto fail et Heartbleed ont été inséré par la NSA. D’autant plus que la NSA utiliserait la faille Heartbleed depuis un certain temps déjà.

Open source

Ces failles de sécurité viennent toutes les deux de technologie open source. Du coup, certains parlent de la chute de l’open source, moi je parlerais plutôt de la victoire. C’est parce que ces codes étaient publiques qu’on a pu vérifier et modifier les erreurs. Pour un code propriétaire, il est impossible de vérifier la sécurité du code. Qui nous dit qu’une entreprise privée n’ouvre pas les fichiers personnels de ses clients aux gouvernements ? Avec le close source, impossible de vérifier. Ces failles ne font que soutenir l’état d’esprit depuis les révélations de Snowden : il est indispensable que tout le monde travaille pour fournir des outils de communication indépendants et sécurisés.

Facebook 2.0 : Second Life ?

Facebook achète Oculus pour 2 milliards de dollars. Apparemment, rien ne les arrête.

Pourquoi Facebook achète une entreprise qui n’a pas de lien avec les réseaux sociaux ?

Contrairement aux autres achats assez défensifs (Whatsapp, Instagram, etc.), l'achat d’Oculus ne suit pas la même logique. C'est un investissement pour le futur. Facebook veut s'approprier Internet comme Microsoft a essayé de le faire dans les années 90 avec MSN. Certaines personnes jouent, lient les news, envoient des messages, gèrent leurs photos sans quitter Facebook. La firme de Zuckerberg veut être la prochaine version du web. Leur rêve est que tout le monde possède un compte Facebook et si possible y passe tout leur temps libre. Plus il y a d’utilisateurs et plus il y passent de temps, plus les revenus de la publicité sont grands. Il y a une vraie stratégie pour les utilisateurs restent le plus possible sur le site, en le rendant le plus attrayant possible.

Cependant, Facebook a peur. Il a déjà loupé le virage du mobile, c'est en partie pour cela qu'ils achètent toutes ces applis. Du coup, ils ne veulent pas risquer de louper la prochaine révolution.

Mais qu’y a-t-il après le web et le mobile ? La réalité virtuelle sera-t-elle la prochaine plateforme ? Facebook soit le croit, soit ne prend pas le risque de se tromper et achète le leader des casques virtuels. Il faut indiquer que de nombreux investisseurs aux USA cherchent le prochain marché à forte croissance. Certains croient que le marché de la réalité virtuelle sera « the next big thing » comme l’ont été l’informatique personnel, le web et le mobile.

Enfin, Facebook a besoin de redevenir cool. Et quoi de plus cool qu’un casque virtuel ?

Quels avantages pour Oculus ?

Pourquoi les fondateurs d’Oculus ont vendu leur entreprise ? La première raison évidente est l’attrait du gain, récupérer 2 milliards de dollars est difficile à refuser. Ceci dit, cela est en contradiction avec le Kickstarter de départ où le créateur indiquait faire cela par passion et non pas pour gagner de l’argent.

Ensuite, le partenariat avec Facebook leur permet d’avoir des ressources pratiquement infinis. Or, il va en falloir pour concurrencer le projet Morpheus de Sony. De plus, les ingénieurs d’Oculus se sont rendus compte qu’ils auraient à investir beaucoup d’argent en recherche et développement. Jusqu’à présent, ils utilisaient des pièces venant des téléphones mobiles (capteurs, écrans, processeurs, etc.). Cependant, il semblerait que pour avancer il faudra développer de nouveaux outils, et cela demande un investissement très important.

Enfin, un des rêves des fondateurs d’Oculus est de créer un monde complètement virtuel dans lequel l’utilisateur serait immergé grâce à leur casque (et pourquoi pas plus tard des gants haptiques, voir de combinaisons intégrales…). Or pour cela, il faut des ressources conséquentes, notamment au niveau serveur pour générer le monde virtuel, à la manière des MMORPG. Il se trouve que Facebook possède des millions de serveurs répartis dans le monde dans des data center derniers cris.

Pourquoi les internautes sont contre cet achat ?

Dès l’annonce de l’achat, de nombreux internautes se sont offusqués de ce rapprochement. La première raison est que le projet Oculus est un projet populaire qui a été financé au départ par les internautes grâce à Kickstarter. De plus, Oculus était très proche du milieu Open-Source. Or Facebook n’est pas très populaire, notamment auprès de ceux qui ont « kickstarté » le projet Oculus. Il y a donc un sentiment de trahison. Enfin, Oculus est aimé par les amateurs de jeux vidéo, or Facebook a permis à Zynga (Farmville) et à King (Candy Crush) de prospérer, au grand dam des gamers. Il y a le sentiment que Facebook pourrit tout ce qu’il touche. Enfin, il y a la peur de la pub intrusive partout, ce qui peut s’avérer insupportable avec un média comme la réalité virtuelle.

Le problème de cette achat est que les utilisateurs actuels de l’Oculus Rift et les utilisateurs de Facebook ne sont pas les mêmes. J’ai du mal à imaginer l’utilisateur classique de Facebook mettre un casque virtuel le coupant du monde.

Les concurrents

Je suis assez surpris que Microsoft ne soit pas celui qui ait acheté Oculus. En effet, Sony a Morpheus et Valve a indiqué travailler sur un casque en interne. Je trouve Microsoft un peu perdu pour le coup car ce serait un achat stratégique pour eux (à moins qu'ils aient leur propre solution en interne, ce qui serait logique). Le combo casque de réalité virtuelle + Kinect fait sens. Peut être que la recherche du nouveau CEO et la réorganisation expliquent aussi ce manque de réactivité.

Ce que nous apprend la Science-Fiction

Il se trouve que je viens de finir un livre qui s’appelle Ready Player One. Dans ce livre, le monde réelle est en crise, tout le monde vit dans des logements insalubres, la violence règne partout. La population se réfugie dans OASIS, qui est un réseau social en 3D, pour s'échapper de leur quotidien. Imaginez un MMORPG que vous accédez à l’aide d’un casque de réalité virtuelle avec des gants. Or, ce genre de réalité virtuelle est décrite dans de nombreux ouvrages.

Le grand public l’a découvert avec Matrix. Mais de nombreux livres auparavant en ont parlé comme par exemple le Cyberspace dans Neuromancer ou le Metaverse dans Snow Crash

Cela est assez effrayant de s'apercevoir que notre futur se rapproche de plus en plus de celui décris dans les bouquins de science fiction. Et pas le meilleur des futurs.

Que va faire Facebook avec Oculus ?

Facebook cherche la nouvelle révolution après le mobile. Certains pensent que la réalité virtuelle sera la prochaine plateforme à forte croissance. D’ailleurs, ils en parlent dans leur communiqué :

Mark Zuckerberg

C’est une nouvelle plateforme de communication. Imaginez partager non seulement des moments avec vos amis en ligne, mais aussi des expérience complète et des aventures.

Brendan Iribe, CEO d’Oculus

Nous croyons que la réalité virtuelle sera lourdement définie par les expériences sociales.

Le prochain Facebook pourrait très bien ressembler à Second Life. Je leur souhaite le même succès.

Facebook achète WhatsApp

Pour 16 milliards en cash + 3 milliards en action pour les employés de WhatsApp. Décidément, pour un milliard tu n’as vraiment plus rien… En comparaison, l’achat de Youtube pour 1,6 milliard de dollars par Google était vraiment une  bonne affaire. Pourquoi une telle dépense ? Tout simplement parce que Facebook est terrifié. Ils n’ont qu’une chose : des utilisateurs. Dès qu’un réseau social devient populaire, Facebook est menacé (Instagram, Snapchat, WhatsApp etc.). Contrairement à Google par exemple, qui a une expertise technique les protégeant : il est presque impossible pour une société de concurrencer Google sur leur moteur de recherche, le coût est trop important (même Microsoft, avec toute son expertise technologique, son marketing et sa montagne d’argent s’est cassé les dents avec Bing).

De plus, Facebook a un problème : ses utilisateurs vieillissent. Les utilisateurs ayant plus de 30 ans utilisent plus Facebook que ceux de moins de 25 ans. A terme, Facebook a peur de devenir « has been ». Cela s’est déjà vu : Friendster, MySpace, LiveJournal. Certains utilisateurs sont tellement jeunes qu’ils n’ont jamais connu Facebook comme un site « cool ». Pour eux, Facebook est le site utilisé par leurs parents.

Facebook est condamné à acheter toute société qui crée un réseau social, parce qu’ils n’ont aucun autre moyen de se protéger.

iWatch : le prochain défi d'Apple

On attend toujours le prochain produit révolutionnaire d’Apple. Il y en a eu plusieurs :
- Apple II (1977)
- Macintosh (1984)
- iPod (2001)
- iPhone (2007)
- iPad (2010)

Le marché pense qu’Apple est condamné à faire des produits révolutionnaires. De plus, tout le monde se demande si Apple peut faire un tel produit sans Steve Jobs.

Ce qui fait penser qu’il y aura une iWatch :

Une chose est sûre : il y aura une iWatch (et un iPhone plus grand, mais ce sera pour un prochain article). On en parle depuis l’iPod Nano (2010) qu’on pouvait mettre sur le poignet. Il y a eu un réel engouement, avec des sociétés qui se sont construites juste pour faire des bracelets pour transformer le Nano en montre. Lors de la mise à jour en 2012, tout le monde s’attendait à ce qu’Apple emboite le pas et fasse une vraie montre iPod Nano. Ce ne fût pas le cas : l’iPod Nano de 2010 a disparu. Il est remplacé par un iPod classique, sans doute pour faire la place à une vraie montre. Apple a débauché la personne responsable du Nike FuelBand ainsi que son designer. L’ancien patron de Yves Saint Laurent travaille chez Apple sur un projet spécial, comme une montre, symbole de la mode ? Enfin, l’ancienne CEO de Burberry est maintenant à la tête des Apple Store : peut-être pour mieux mettre en place dans les magasins l’affichage d’un accessoire de mode.

De plus, Tim Cook n’arrête pas de faire référence à un nouveau produit qui n’est pas un iPhone/iPad/Mac.

A quoi ressemblera-t-elle ?

Sur le marché il y a plusieurs types d’affichages de montre :
- Affichage minimaliste (Flex, Fuelband)
- Affichage avec écran (Samsung Galaxy Gear, Sony SmartWatch 2, Motorola MotoACTV, Pebble Watch).
Au sein même des écrans, il y a deux technologies : écran classique ou écran à encre électronique (comme la Pebble Watch).

Il y a deux types d’approche :
- Montre indépendante (il existe des montres avec Android installée)
- Montre liée au téléphone (affichage déporté)

Quelle direction va prendre Apple ? Il semble évident qu’Apple choisira un affichage déporté avec écran, cela permettra une interface intéressante, de conforter ses smartphones et de déporter les gros calculs (permettant ainsi que gagner en batterie sur l’iWatch).

Quelles technologies ?

En parlant de batterie, il semble qu’Apple ait des problèmes. On peut alors peut-être penser à un système avec rechargement solaire comme les Citizen Eco-Drive ou certaines Casio. Cela permettrait de recharger iWatch tout en la portant. Certaines rumeurs parlent d’un système récupérant l’énergie cinétique pour recharger la batterie, technologie similaire au Kinetic de Seiko. Enfin, l’iWatch pourrait utiliser du verre sapphire : cela tombe vient, Apple vient de se payer une usine pour en fabriquer en grande quantité.

Tracker de fitness et gestionnaire de santé : 

Tim Cook est un fan du FuelBand de Nike. Il est même au board de Nike, ce qui explique que l’application ne soit pas sorti sur Android. Il y a beaucoup de demande pour ce genre de produit (Jawbone Up, Fitbit Flex/One, Withings Pulse, etc.). Apple a d’ailleurs posté des offres d’emploi pour un spécialiste du fitness et de la santé. Ils semblent très sérieux au sujet de la santé : Apple voudrait mettre en place un standard pour gérer les informations sur la santé. D’ailleurs, ils ont un rendez-vous avec la FDA à ce sujet.

Il faut dire que le marché de la santé aux USA pèse plus de 2800 milliards de dollars… Cela fait plus de 2 ans qu’Apple embauche des spécialistes du fitness mais aussi de la santé. Je pense qu’ils vont aller bien au-delà des trackeurs classiques (podomètre, tracking du sommeil, pouls, etc.). Il semble qu’ils veulent faire un vrai outil de gestion de la santé (avec un standard de donnée pour partager les informations avec son médecin par exemple). L’apparition du M7 dans les derniers produits iOS laissent penser qu’il sera présent dans l’iWatch : il permettra d’intégrer un ensemble de capteurs dans un espace réduit.

 Où en est la concurrence ?

Tout le monde a lancé ou s’apprête à lancer une montre intelligente :
- Google achète une entreprise qui en fait (ceci étant, Google achète tout et n’importe quoi).
- Samsung fait la Galaxy Gear (qui semble être un gros four commercial).
- Nike fait la FuelBand.

Et je ne parle même pas de la Flex, Sony SmartWatch 2, Motorola MotoACTV, etc.

Le succès incroyable sur KickStarter de la Pebble Watch fait des envieux. Tout le monde semble d’accord pour dire que le marché des montres intelligentes va exploser. Certains disent que le marché des smartwatches est similaire au marché des lecteurs MP3 avant l’arrivée de l’iPod. Je n’en suis pas convaincu.

Que peut apporter Apple aux smartwatches ?

L’iWatch sera sans doute très différente de ce que à quoi on s’attend. Du moins je l’espère. Tout comme l’iPhone ne ressemblait en rien aux différents mock-ups apparus sur le net. Le statut des smartwatches ressemble beaucoup au début des smartphones avant l’arrivée de l’iPhone : personne n’a encore trouvé la bonne solution.

On attend donc d’Apple de trouver la formule pour rendre les smartwatches désirables au grand public. Il reste un problème de taille : la mode. En effet, la montre est un accessoire de mode que l’on porte comme un bijou. Il y a autant de montres que de gouts (couleurs, forme, métal/plastique/tissu), numérique/analogique, etc.). Comment Apple va gérer cela ? Les conseils de l’ancien patron d’Yves Saint Laurent et de l’ancienne patronne de Burberry seront très précieux.

Google vend Motorola

Google avait acheté Motorola 12,5 milliards de dollars en 2012 et le vend à Lenovo pour 2,91 milliards de dollars. Google garde la majorité des brevets. Google a-t-il perdu plus de 9 milliards de dollars dans l’aventure Motorola ? Pas vraiment. A l’époque, Motorola avait 3 milliards en cash et 1 milliard en en crédit d’impôt. Ainsi, Google aurait payé 8,5 milliards et non 12,5.

De plus, Google avait vendu la set-box unit pour 2,4 milliards de dollars. Donc ce qui reste de Motorola a couté 6,1 milliards. Mais ce n’est pas fini, il faut prendre en compte que Motorola perdait de l’argent, et pas qu’un peu : 1,1 milliard en 2012 et 645 millions pour les 9 premiers mois de 2013.  Google vend pour 2,9 milliards : au final Google a perdu 4,9 milliards de dollars (ou on peut penser que Google évalue les brevets qu’il garde à 4,9 milliards de dollars).

Google avait investi en Motorola pour les brevets pour récupérer des royalties et pour se protéger d’Apple. Mais Google a surestimé la valeur de Motorola dans le domaine et du coup s’en débarrasse.

Cela arrive après deux choses : l’achat de Nest et l’accord avec Samsung sur l’arrêt de l’interface Magazine UX. En effet, Samsung a révélé une toute nouvelle interface d’Android fortement inspiré du Metro de Microsoft. Or, après quelques discussions avec Google, Samsung décide d’arrêter cette interface. Quelques jours plus tard, Google vend Motorola. Certains y voient un lien : Samsung aurait accepté de mettre Magazine UX au placard à condition que Google ne soit plus un concurrent dans le hardware. Or, cet argument ne tient pas : Samsung n’a absolument aucun moyen de pression sur Google. La discussion portait sur un élément très simple : si Samsung utilisait Magazine UX, Google ne leur donnait plus accès à leurs services, comme Google Maps par exemple (ce genre de tactique a déjà été utilisé dans le passé pour protéger Android, et remettant un peu en cause son statut Open-Source). Or, Samsung n’a ni les compétences, ni les ressources pour offrir un service comparable à GMaps, même Apple a du mal à le faire. Et Samsung ne peut pas abandonner Android pour Windows ou un système propriétaire, cela serait suicidaire (HTC a bien essayé dans le passé et ils ont failli en mourir). Donc je suis persuadé que la vente de Motorola n’a rien à voir avec Samsung. Alors pourquoi le vendre ?

Premièrement, Motorola perdait trop d’argent : en gros 1 milliard par an. Ensuite, ses brevets ne se sont pas avérés être aussi efficace que ce que Google avait espéré. Enfin, les produits faits par Motorola sous Google ne se sont pas bien vendus (même s’ils étaient intéressants).

L’achat de Nest quelques jours avant la vente de Motorola fait sens : Nest va devenir le spécialiste hardware de Google.

Certains voient la vente de Motorola comme la fin du point de vue que pour battre Apple il faut devenir Apple (faire le hardware et le software). Or, je crois au contraire que cela confirme ce point de vue. Nest est dirigé par Tony Fadell qui est un ancien d’Apple, connu notamment pour être un des pères de l’iPod. En créant cette société, il a attiré un bon nombre d’ingénieurs de talent dont un certain nombre venant d’Apple. En achetant Nest, Google a acheté un Apple miniature capable de faire de l’excellent hardware. Ce dont semblait incapable Motorola.